RDC: Il est temps pour l’UE de passer des paroles aux actes et d’appliquer de nouvelles sanctions ciblées contre les officiels congolais proches du Président Kabila
COMMUNIQUE DE PRESSE
Alors que les ministres des affaires étrangères européens ont prévu de se réunir lundi 15 mai au sein du Conseil des Affaires Etrangères (CAE) de l’UE pour discuter de la situation en République Démocratique du Congo (RDC), une nouvelle étape dans l’application de sanctions ciblées doit être enclenchée contre les responsables politiques et responsables des forces de l’ordre, proches du Président Joseph Kabila, responsables d’une part de violations des droits humains et de la violente répression à l’encontre des différents acteurs politiques, et d’autre part faisant obstruction au processus démocratique, afin d’augmenter la pression sur les officiels congolais pour trouver une solution à la crise politique et sécuritaire, déclarait le Réseau européen pour l’Afrique centrale (EurAc) dans son nouveau rapport rendu public aujourd’hui.
Au cours des quatre derniers mois, la majorité présidentielle, le gouvernement et le Président Kabila, ont consolidé leur stratégie d’affaiblissement et de division de l’opposition, et multiplient les tentatives de prise de contrôle sur la totalité du processus démocratique. Cette stratégie s’est concrétisée le 7 avril avec la nomination de Bruno Tshibala comme Premier ministre et le 27 avril avec la signature de « l’Arrangement particulier » issu de l’accord du 31 décembre. L’aile du l’opposition appelée « Rassemblement » menée par Félix Tshisekedi n’a pas signé « l’Arrangement particulier », dénonçant les disparités entre le nouveau texte et celui négocié sous la médiation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) plus tôt dans l’année. En effet, le Président Joseph Kabila a désormais le contrôle sur la nomination du premier ministre mais également sur celle du président du Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral (CNSA). Ces derniers rebondissements permettent à Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir, les élections n’étant pas prévues avant décembre 2017.
La répression et les nombreux abus perpétrés à l’encontre des activistes, opposants, défenseurs des droits humains et médias sont toujours d’actualité. L’intensité des violences et l’importante expansion des violations des droits humains dans la région du Kasaï sont aussi très préoccupantes. Face à cette situation inquiétante, les 28 et 29 mars dernier l’Union Européenne a condamné fermement la violence et les persécutions opérant dans le Kasaï et a poussé les autorités de la RDC à mener une enquête indépendante et sérieuse sur les récentes violations des droits humains. De plus, le 8 avril l’UE a critiqué avec conviction la nomination de Bruno Tshibala en tant que Premier ministre considérée comme « contraire à l’esprit de l’accord de la Saint Sylvestre ». L’UE a également rappelé les dernières conclusions du CAE adoptées le 6 mars dernier et sa ferme intention d’adopter de nouvelles mesures restrictives individuelles à l’encontre des responsables de sérieuses violations des droits humains ou incitant à la violence et ceux qui font obstacle à une solution consensuelle et pacifique à la crise.
A présent, l’EurAc appelle l’UE à passer des paroles aux actes. Les ministres européens des affaires étrangères doivent prendre de fortes et concrètes décisions afin d’élargir le nombre de personnes concernées par les sanctions ciblées, tels que des agents des forces de l’ordre, des figures politiques clefs et officiels influents proches du cercle rapproché du président Kabila, qui sont responsables de la majeure partie des violations des droits humains et/ou qui font obstacle à la transition démocratique. La prochaine réunion du CAE est une parfaite opportunité pour que l’UE démontre sa cohérence et ses forts engagements à promouvoir la démocratie et la protection des droits humains dans la région, ce qui constitue notamment la véritable valeur ajoutée de la coopération européenne. C’est également un moment crucial pour éviter une crise sécuritaire et humanitaire étendue à l’ensemble de la région des Grands Lacs.
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