Communiqué de presse - La riposte face au COVID-19 dans la région des Grands Lacs ne doit laisser personne pour compte
L'Union européenne (UE) ayant présenté en mars 2020 la nouvelle stratégie UE-Afrique, le Réseau européen pour l'Afrique centrale (EurAc) souhaite attirer l'attention des responsables politiques et des décideurs·euses de l'UE sur les défis spécifiques liés au COVID-19 en République démocratique du Congo (RDC), au Rwanda et au Burundi. Dans son dernier rapport d’analyse, EurAc suggère des pistes d'action à suivre au niveau des libertés et droits fondamentaux, des impacts spécifiques liés au genre, de l'insécurité alimentaire, de la fragilité des chaînes d'approvisionnement en minerais et des questions humanitaires.
Tout d'abord, EurAc souligne l'impact des mesures prises par les gouvernements sur les droits humains. « L’UE et ses États membres devraient s’assurer que les droits humains soient protégés pour chacun.e.s et restent au centre de la réponse européenne face à la pandémie. Les groupes de presse indépendants doivent pouvoir travailler librement, les défenseurs·euses des droits humains et autres prisonniers·ères politiques doivent être libéré·e·s immédiatement et sans condition, et les organisations de la société civile doivent pouvoir défendre les droits humains », déclare Teodora Nguen, chargée de plaidoyer à EurAc.
De plus, la pandémie intensifie les inégalités préexistantes, dont les inégalités de genre. « Les pays des Grands Lacs sont déjà marqués par des problématiques affectant spécifiquement les femmes et les filles, allant de la pauvreté à la participation aux mécanismes de prise de décision, en passant par la violence basée sur le genre. », déclare Brune Mercier, directrice d’EurAc. « La participation systématique des femmes à la prise de décision et en particulier dans les interventions d'urgence doit être une condition sine qua non pour les bailleurs de fonds européens avant de financer tout programme lié au COVID-19 dans la région. »
Par ailleurs, l'écrasante majorité de la population au Burundi, au Rwanda et en RDC dépend de l'agriculture comme principale source de revenus et est directement touchée par les mesures de confinement telles que la fermeture des frontières, la restriction des activités économiques non essentielles et de l’accès aux marchés alimentaires pour les producteurs. Comme le souligne Giuseppe Cioffo, chargé de programmes et de plaidoyer d'EurAc : « L'insécurité alimentaire affectera surtout les personnes pauvres vivant en ville, ainsi que les producteurs ruraux qui dépendent des marchés pour leur consommation, et les petit·e·s commerçant·e·s au milieu de la chaîne, alors que les ménages agricoles paysans font preuve de plus de productivité, de résilience et de durabilité. »
La pandémie a en outre eu un impact immédiat sur les marchés internationaux des produits de base, exposant davantage la vulnérabilité et l'insécurité des chaînes d'approvisionnement en minerais et mettant en évidence la fragilité déjà existante de l'économie congolaise et du secteur minier artisanal et industriel. Giuseppe Cioffo explique : « En raison des conditions déjà précaires des mineurs artisanaux, leur santé et leurs moyens de subsistance sont encore plus menacés en temps de crise, et l'absence d'alternatives économiques dans les régions riches en minerais conduira probablement à un appauvrissement supplémentaire. La migration vers les zones urbaines et une possible augmentation de la contrebande due à la suspension des chaînes d'approvisionnement officielles pourraient accroître l'insécurité, en particulier dans les provinces de l'Est de la RDC. »
La combinaison de la réponse au COVID-19 avec les besoins sanitaires existants est quant à elle cruciale pour une approche appropriée de la crise. « La région des Grands Lacs est marquée par l'instabilité sociopolitique, la mauvaise gestion et la corruption, laissant les systèmes de santé nationaux particulièrement faibles et mal préparés au COVID-19. Un autre facteur important est la forte prévalence d'autres maladies, notamment la malnutrition, le paludisme, la rougeole, le choléra ou le virus Ebola. », déclare Teodora Nguen.
Enfin, les personnes déplacées et les réfugié·e·s de la région se trouvent déjà dans une situation désespérée qui pourrait bien s'aggraver, en particulier lorsque le gouvernement empêche les organisations humanitaires d'opérer dans le cadre du COVID-19. Les ripostes à la pandémie risquent d'exacerber les dynamiques de conflits. Teodora Nguen insiste sur le fait que « les organisations internationales et les acteurs humanitaires doivent tirer parti des forces des structures locales conformément aux engagements pris dans le cadre du ‘Grand Bargain’ (grand compromis). Compte tenu des restrictions actuelles à la mobilité, leur rôle devient encore plus important dans la réponse à la pandémie. »
Lire de rapport d'analyse (anglais)
Contact
- Brune Mercier | EurAc | Directrice
brune.mercier@eurac-network.org | +32 490 43 73 71 - Giuseppe Cioffo | EurAc | Chargé de programmes et de plaidoyer
giuseppe.cioffo@eurac-network.org | +32 490 43 76 70 - Teodora Nguen | EurAc | Chargée de plaidoyer
teodora.nguen@eurac-network.org| +32 493 35 52 44 - Daniela Bishop | EurAc | Chargée de communication
daniela.bishop@eurac-network.org| +32 499 81 01 77
À propos d'EurAc
Le Réseau européen pour l'Afrique centrale (EurAc), créé en 2003, a pour objectif d'aider la région des Grands Lacs à construire un avenir meilleur. EurAc mène un travail de plaidoyer en faveur d'un engagement fort, cohérent et durable de la part de l'Union européenne et de ses États membres, intégré à une approche régionale. EurAc rassemble 36 organisations européennes de la société civile qui travaillent dans et sur la région et qui soutiennent la société civile locale au Burundi, en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda dans la promotion de la paix et du développement, et dans la défense des droits humains.